Ce dimanche, les citoyens suisses étaient appelés aux urnes afin de répondre à une initiative du parti populiste de droite, l’UDC, visant à interdire la construction de nouveaux minarets sur le territoire helvétique. A la surprise générale et faisant mentir tous les sondages, c’est à une confortable majorité qu’ils ont appuyé la proposition.
Le “Oui” l’a emporté à plus de 58% des suffrages. Un score sans appel qui sonne comme un avertissement fracassant pour les communautés islamiques en Europe.
Si dans la majorité des médias, l’incompréhension et la consternation règnent, certains intellectuels ont offert des pistes d’analyses intéressantes.
Alain Gresh, à peine quelques heures après la publication des résultats, écrivait un article très critique à l’égard du vote. Il déplore “une victoire de l’islamophobie, et une défaite de la raison“. Comme Tariq Ramadan, il dresse les responsabilités. Il note l’incapacité des partis dits démocratiques à faire valoir le discours modéré et à promouvoir le “Non“. Les médias quant à eux auraient joué un rôle ambiguë, parfois subversif. Les intellectuels partageraient, eux aussi, une part du fiasco.
L’Islam est-il définitivement malvenu en Europe et incompatible avec ses “valeurs”?
Un penseur comme Tariq Ramadan se bat depuis de très nombreuses années, entre autres, afin de faire évoluer les conceptions et de faire, enfin, de l’Islam une religion européenne à part entière. Il est souvent intervenu en Suisse et partout ailleurs en Europe pour faire entendre ses idées. Il est clair (c’est du moins, je crois, ce que les Suisses ont voulu faire entendre) que c’est un échec. L’Islam et les musulmans sont à l’heure actuelle mal perçu par la majorité des Européens.
Le constat observé par Alain Gresh est dur mais il est, somme toute, réaliste:
“Désormais, il n’est plus possible de discuter sereinement des musulmans en Europe et de leur place dans notre société“.
Je ne crois pas que l’Islam puisse être un jour accepté sur le Vieux Continent tel qu’il est. Les oppositions se font de plus en plus fortes et les peurs l’emportent bien souvent sur la raison. Même si Ramaden considère qu’il faille du temps -deux générations, dit-il-, l’Islam sera toujours le fait de débat stigmatisant et on l’agitera comme une menace à la face des citoyens lorsque cela représentera un intérêt “politico-électoraliste”.
J’en vois beaucoup développer des discours pratiquement insultants à l’égard des citoyens suisses. Le plus choquant, ce n’est pas le choix des Suisses, ce serait de ne pas considérer le message qu’ils ont voulu faire passer, de croire que ce ne sont que des incapables, racistes et xénophobes. Ce vote est symptomatique d’une situation qui dépasse les frontières helvétiques. Il est temps pour les Musulmans de réagir, de tirer des conclusions et de prendre les bonnes décisions. A l’heure où j’écris, le débat sur les minarets, qui emporte en fait avec lui tout celui sur l’acceptation de l’Islam et des Musulmans, s’étend en France, en Belgique et au Pays-Bas.
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