D'Onfray et de Freud...

Publié le par Ali

onfray.jpgMichel Onfray

 

 

M.Onfray est un très bon vulgarisateur doublé d'un pédagogue hors pair. Ce philosophe nietzschéen, tendance hédoniste, est avant tout un grand bosseur, un auteur prolifique et un homme qui défend bec et ongles ses convictions.

On les connait: athéisme, anti idéalisme platonicien, remise en cause de l'essentialisme, restauration du matérialisme, des philosophes pré-socratiques, et de penseurs perdus dans les oubliettes de l'Histoire ou de l'Inquisition. 

M. Onfray en plus, anime, à Caen, l'Université Populaire dont il est le fondateur et professeur référent. C'est une excellente initiative pour que la culture et la pensée ne soient plus réservées à quelques cénacles de gens choisis qui se comprennent seulement entre eux

Bref, M. Onfray, en bon disciple du Maître de Weimar, est un déconstructeur postanarchique zélé, qui n'a pas peur de se faire taxer de provocateur, dès lors, qu'armé d'un marteau et d'un burin, il s'attaque aux idoles.

Il s'était frotté à Dieu dans son « Traité d'athéologie », mais Dieu est trop malin, il se cache derrière les hommes, et si Onfray a fait exploser plus d'une pléiade de prélats romain, d'ayatollahs bornés ou de gourous de province, Dieu est demeuré hors de sa portée. Beau succès de librairie donc, mais flop sur la cible.

Son dernier opus nous propose de remettre la psychanalyse et son papa, Sigmund Freud, à la place qu'ils méritent, et les faire descendre tous les deux de cet autel sacrificatoire où de pieux disciples  accourent en masse déposer les offrandes que leurs dieux exigent.

M.Onfray nous dit avoir lu tout Freud, ses biographes autorisés comme les autres, sa correspondance, les critiques et les encensements sur son oeuvre.

Il nous revient avec un brûlot fort bien structuré, très didactique, où toute critique a pour genèse l'oeuvre même du maître et se décline à l'intérieur du processus psychanalytique.

Ses conclusions sont sans appel: la psychanalyse n'est pas une science, tout juste une méthode d'introspection subjective qui ne peut avoir aucune portée universelle.

Bref, la psychanalyse fut très bonne pour... Sigmund Freud himself !

Et M. Onfray de dénoncer la prétention de Freud a vouloir extrapoler, au départ d'une expérience subjective, une loi universelle.

Ainsi le complexe d'Oedipe,  que Freud découvre lors d'une « auto-analyse » et qu'il transforme aussi sec en complexe général touchant tous les mâles.

Même processus pour le « meurtre du père », que Freud décèle en lui, et qu'il étend, sans plus, à l'humanité entière.

Et cette prétention à l'universel se fait eo ipso, sans expérience, sans démonstration, sans contradiction, par le seul fait de la « voix  et la volonté du maître ».

« Caricatures » crient les freudiens purs et durs qui dénoncent la simplification opérée par Onfray, et le taxent, comme Madame Roudinesco, d'antisémite (nous y voilà !!) et d'apologue de l'extrême droite (?!!?).

En somme, à ce qu'ils appellent une « caricature », ils répliquent par l'insulte.

Ce livre sera, est déjà, un succès.

Je m'en réjouis, dans la mesure où je jubile quand des idoles vacillent sur leur socle. Que Freud en soit une, personne ne le contestera.

J'attends, avec impatience, une réponse claire, structurée, intelligente et honnête, à cet opus qui me paraît bétonné sur le plan de l'information freudienne.

La psychanalyse, si psychanalyse il y a, est une chose trop sérieuse pour qu'elle soit le domaine réservé de quelques initiés qui, dans des cénacles feutrés, se congratulent les uns les autres et jettent l'anathème sur qui vient troubler leur superbe.

M.Onfray est celui qui, à tort ou a raison, nous dit que le Roi est nu...

L'occasion pour nous de le constater ou non de visu.

 

Michel Onfray: "Le crépuscule d'une étoile. L'affabulation freudienne". Grasset éditeur


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